2009/09/15

Google Street View en Suisse: ultimatum de l'administration fédérale!

Avec son service Street View, Google poursuit sa technique duale standard:
  • augmenter "l'ombre informationnelle" (au sens "Web squared") du monde physique (ici, les zones urbaines) sur l'Internet pour offrir de nouveaux services à valeur ajoutée attractive aux utilisateurs
  • garnir ensuite les pages de contenus créés par ces nouveaux services de publicité pour augmenter ses revenus.
Puisque les photos de Google StreetView sont prises "en live" durant la journée, la protection de la sphère privée est posée depuis le début: Google y a réagi positivement en floutant les visages et les plaques d'immatriculation.

Cependant, on est par nécessité (pécuniaire) parfois conduit à faire des métiers peu honorables : la prostitution potentiellement capturée par les caméras de Google en est un exemple. Les Googlers doivent donc tout faire pour protéger la vie privée des individus qu'ils photographient avec les voitures-caméras sans prendre le temps d'une autorisation préalable....

Mais, la technologie de floutage automatique de Google est encore imparfaite: juste après le lancement en Suisse au mois d'Août, il y a eu une première vague de protestation sur les attentes à la sphère privée générée par ces imperfections technologiques.

Les premières discussions qui s'en sont suivies entre Google et l'administration helvétique n'ont pas vraiment porté leurs fruits. Alors, le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT) lance maintenant un ultimatum en 6 points vers Moutain View:

"le PFPDT exige ainsi dans sa recommandation du 11 septembre 2009 que Google :
  • développe une meilleure solution pour rendre les visages et les plaques d'immatriculation complètement non reconnaissables,
  • apporte une attention particulière à l'anonymisation des installations sensibles telles que par exemple les hôpitaux, les écoles ou les prisons,
  • efface les images de rues privées prises en l'absence de consentement,
  • élimine les images de lieux fermés (cours, jardins) et diminue à l'avenir la hauteur de montage des caméras,
  • informe les villes et villages concernés une semaine avant d'effectuer les prises de vue et une semaine avant leur mise en ligne,
  • ne publie pas de nouvelles images prises en Suisse jusqu'au moment où les questions juridiques auront été clarifiées.

Google Inc est invité à communiquer au PFPDT dans un délai de 30 jours s'il accepte la recommandation. S'il rejette la recommandation ou ne la respecte pas, le PFPDT peut porter l'affaire au Tribunal administratif fédéral pour décision."

Pour respecter tout ceci, il y a un sacré boulot d'innovation technologique (mais pas seulement...) à réaliser au QG de Mountain View ou au labo de Zurich!

C'est un véritable coup d'arrêt qui est porté au service: si tout est respecté (abaissement des caméras, effacement des zones sensibles ou privées, etc.) , la valeur du service va s'en trouver drastiquement diminuée!

On va donc à mon avis vers une Google qui traîne des pieds au maximum en demandant un calendrier très étalé (avec quand même de bonnes raisons techniques pour ces délais...) et/ou un PFPDT qui se dirige vers le tribunal dont on verra si il confirme ou infirme alors la jurisprudence internationale naissante autour de Streetview

A suivre donc....

PS: je suis étonné que mon pays de vie privée (France) ne soit pas aussi actif que mon pays de vie professionelle (Suisse) sur ce thème: je croyais finalement l'Hexagone lui aussi farouchement attaché au respect de la sphère privée...

Source: blog Media & Tech (par didier durand)

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